Je ne suis pas malheureuse. Mais je voudrais être heureuse. Je sens que l’idée du bonheur m’échappe. Je sens que tout va très vite, et que la vie est bien trop courte pour se permettre la médiocrité. Je sens en moi l’urgence du bonheur. de David Foenkinos (les souvenirs)
Au hasard de mes lectures, j’ai découvert cette citation et elle me correspond tout à fait.
Je ne suis pas malheureuse et pourtant pourquoi vouloir à tout prix passer mes fins de semaine en dédicaces ? Pourquoi ne pas aller tranquillement à la plage, retrouver des amies, faire les soldes, de la randonnée ?
Pourquoi ? Cette question je me la suis posée ce matin, bien installée face à l’entrée du Cultura, après un accueil des plus chaleureux, les embrassades, la bouteille d’eau.
Ce n’est pas grand chose une bouteille d’eau. Et pourtant c’est le geste qui me va droit au cœur. C’est le premier geste d’accompagnement, après l’accolade amicale, pour désamorcer le stress qui m’accompagne à chaque fois. Le challenge n’est pas insignifiant de s’installer au milieu de tous ces livres aux noms d’auteurs connus, salués par la presse et les médias, couronnés par des émissions télé qui assurent l’après-vente.
Alors pourquoi cet engouement puisque je ne suis pas malheureuse ? Parce que lorsqu’on a goûté à ce bonheur de voir des petites lumières s’allumer dans le regard des autres, d’entendre ces petites vérités sortir de la bouche des enfants qui ne trichent pas, d’accrocher mon sourire juste pour convaincre. Cerise sur le gâteau, cette envie de bavarder avec ces inconnus qui ne le restent que le temps d’une première phrase… Je me souviens d’une dame avec qui j’échangeais à bâtons rompus et dont le mari impatient lui a dit « c’est bon, tu as ton livre dédicacé, on y va ». Elle l’a regardé et lui a répondu « plus Annette me parle (quelques minutes auparavant nous ne nous connaissions même pas) et plus l’émotion me gagne » ! Ma passion plus forte que tout ! Plus forte que les prix aussi. Le dernier Fred Vargas (ou Michel Bussi) publié en pocket en même temps qu’en grand format est vendu la moitié du prix de mon policier « La clé de l’embrouille ». « Gracieuse et Panache sont amis » 50% plus cher que les livres pour enfants de maisons d’éditions spécialisées. Alors pourquoi moi ? De plus, les parents arrivaient en rafales, cherchaient les rayons scolaires avec en main la liste des livres à lire préconisée par les écoles. Aussi encore une fois pourquoi m’achèterait-on moi, alors que les budgets sont serrés ? Et si pour une fois j’oublie mes doutes : parce que mes romans le valent bien ! J’y ai mis toute mon énergie, tout mon amour. Attention je reste humble, tout va très vite !
Il faisait très chaud dans ce magasin climatisé. À chaque ouverture des portes, la fournaise s’engouffrait dans un tourbillon de poussière et d’odeur d’essence ; le parking en bordure des vitrines brillait de tous les éclats des pare-brise sous les assauts du soleil. Je savais que rien n’était gagné d’avance. Nonobstant, je me suis fixé un objectif ambitieux. Tant qu’il ne serait pas atteint je ne bougerai pas d’ici. À 18h tapant, mission accomplie, heureuse, je regagnais mes pénates.
En passant je voudrais saluer Mamie Béa qui a voulu immortaliser notre rencontre en me prenant en photo avec son petit-fils Antoine. « Lorsqu’il repartira chez lui il me restera ce moment unique à nous trois » m’a-t-elle dit. Remercier Sylvie, venue exprès de Fréjus à ma rencontre pour me faire dédicacer « Gracieuse… ». Elle vient de m’envoyer un message « Merci pour ce moment magique, ce fut une belle rencontre »… Embrasser Zian (Jean en Savoyard), Arthur, Ambre, Camille dont le papa m’a donné son N° de portable pour que je l’avise de la sortie du tome 2, avant même d’avoir lu le premier que je venais de lui dédicacer. Je revois encore les yeux bleu agate, brillants d’émotion de Emma, qui m’a promis de m’envoyer ses coloriages. J’attends avec une impatience gourmande ! Je ne pourrais pas citer tout le monde mais je vous garde toutes et tous dans mon cœur.
Qu’importe la chaleur, la fatigue, pourvu qu’il y ait l’ivresse des moments forts. C’est là que j’ai ressenti l’urgence du bonheur dont je ne pourrais plus jamais me passer. Si vous le voulez bien !