Ma première impression ce fut la taille. Gigantesque ! Je connaissais le Parc des expositions pour y être allée en visiteuse, il y a de cela si longtemps... Mais un salon du livre comme ça ? Ouah!!! Je me suis tout de suite dit "Petite fille aux pieds nus tu n'as aucune chance" ? (Celles et ceux qui m'ont lue, comprendront).
J'étais "parquée" dans la zone internationale avec à ma droite des stands fantômes, énormes, froids, clinquants et impersonnels, l'Oman, les Émirats Arabes, la Tunisie, China...avec peu de représentants à l'intérieur. Beaucoup de livres étaient gratuits en anglais et en arabe. Et sur ma gauche des stands de grande taille, bien animés avec présentoirs de petits fascicules gratuits de ... Mangas... Pika Edition... des gadgets distribués, des casquettes, des lunettes en carton... Mieux une photographe prenait qui voulait pour une photo avec en encadrement les personnages hideux de Pika... (la preuve par l'image avec un ami auteur venu me rendre visite sur le stand). Juste un peu plus loin, il y avait des crêpes et des gaufres et attenant des sandwiches et cafés. Il ne manquait que les barbes-à-papa et les pommes d'amour. La foire du Trône ! Là je me suis dit : "Gustave" tu vas te montrer sous ton meilleur jour et donner aux enfants l'envie de te découvrir... Parce que dans Gustave il y a des pommes d'amour ! Gustave a fait un sans faute !
- Vendredi, journée rencontre avec les scolaires. Un bon point à l'association CTLire qui a offert un chèque par élève pour acheter le livre de son choix. J'ai vraiment apprécié cette liberté offerte aux enfants qui une fois trouvé leur coup de cœur, repassaient avec la maîtresse qui validait. Certains jeunes (pas des djeuns... ouf) sont revenus le W.E. avec leurs parents, mamies et papis, parfois tonton et tata, qui voulaient me rencontrer et bien sûr, repartaient avec un autre de mes livres. Effet boule de neige...
- Samedi matin a été "squatté" par notre Président. Personne dans les allées. Service d'ordre et cordon de sécurité impressionnants. À 13h je n'avais pas dédicacé un seul livre, mes voisins non plus. Ouf, le calme est revenu et avec lui les lecteurs. En quelques heures on a rattrapé le temps perdu, oui perdu car notre président n'est même pas venu encourager les petites maisons d'édition qui ont payé très cher leurs 3m2 de stand. Il était là pour "se" faire voir ... peuchère !
- Dimanche il y a eu beaucoup de monde, beaucoup de promeneurs, beaucoup de curieux, mais ceux qui s'arrêtaient devant notre stand étaient touchants de gentillesse, nous encourageant à continuer à promouvoir la culture.
Quelles conclusions à tirer de cette "expédition" ?
A) Les points négatifs : (j'ai pour habitude de laisser le meilleur pour la fin).
- Stands trop chers, ce qui a provoqué la désaffection de quelques grandes maisons d'édition comme Grasset, Stock et autres.
- Billets d'entrée à 12 €, trop chers ! Une manifestation qui a pour mission de propager le goût de la lecture et de conserver ses lettres de noblesse à la langue française... Vu le prix des stands, les entrées auraient pu être gratuites... et ainsi drainer plus de lecteurs, qui pour le ticket d'entrée pouvait presque acheter un livre (moyenne des prix de 10 à 19 €).
- De moins en moins de monde dans ce type de manifestation car les salons du livre régionaux sont pléthores, plus chaleureux et les bénévoles qui les animent sont très dévoués. Je ne rate jamais une occasion de les remercier, ce que je fais ici. Merci les bénévoles. Et je ne parle même pas des Espaces Culturels qui poussent comme des pâquerettes (je préfère les fleurs aux champignons) dans toutes les villes et mêmes dans des villages reculés.
- Il semblerait que notre patrimoine foute le camp. J'ai entendu dire que le Salon du Livre de Paris a été vendu cette année à des Américains. Comme par hasard les stands ont subi un régime amincissant mais pour un traitement onéreux augmenté de 25% par rapport à l'an dernier. (À vérifier !). Par contre Toulon a bien été vendu à un Espagnol déjà depuis l'an dernier et cela n'a pas été une réussite. Il a supprimé le vendredi des scolaires et le carré des auteurs Varois alors que le salon est sponsorisé par le Conseil Général du Var... cherchez l'erreur), celui de Toulouse a été vendu à je ne sais plus qui, mais pas à un Français !!!!!!!!!!!!
B) Les points positifs :
- Rencontres avec des journalistes, des bibliothécaires en grand nombre, beaucoup d'enfants, j'adore, des lecteurs venus pour "faire connaissance" après plusieurs échanges virtuels sur les réseaux sociaux. Rencontres également avec des auteurs "amis virtuels". C'est toujours très touchant de se "biser" en vrai au lieu des bisous sur toile sans étoiles.
- Nettement plus de monde que dans un salon régional (malgré tout, beaucoup d'auteurs n'ont rien vendu, il faut savoir se présenter, sourire et "donner envie", ce que nombre d'auteurs ne savent pas faire ou s'y refusent... L'ego ! Un plat bien préparé (nos couvertures) lorsqu'il est présenté par le chef de cuisine vous fait saliver d'avance ! De la passion que diable ! En ce qui me concerne, j'ai gardé ma vitesse de croisière habituelle et les retombées n'ont pas tardé à se manifester.
- Je n'ai pas tout vendu (je suis une optimiste née, j'ai chargé plus que de raison mes deux valises), mais le score est très honorable et j'ai eu des moments d'émotion intenses qui valent bien la fatigue du déplacement, du bruit et le coût ! Plus un rhume choppé en prime ! Pollution parisienne grave !
- Personne ne m'a parlé du numérique, des tablettes (ce qui arrive fréquemment en Province). Les gens attrapaient les livres avec volupté...
C) Les deux questions qui vous brûlent les lèvres : Est-ce rentable ? Tout dépend de quel côté on se positionne :
- Non on ne rentabilise pas et encore moins les grandes maisons d'édition qui défrayent leurs auteurs en dédicace...
- Oui on récupère un succès d'estime, les gens vous voient, vous parlent, tiennent vos livres, certains en achètent, et certains m'ont même déjà envoyé des retours. Les lecteurs parisiens sont différents, je le vois bien pendant les vacances, quand ils font du tourisme. Ils aiment acheter des livres, peut-être est-ce le panier moyen qui en est la raison ?
- Oui entre auteurs, nous avons échangé des conseils, pareil différents entre Paris et Province.
D) Recommencerai-je l'année prochaine ? Aucune idée ! Il faudrait déjà que les organisateurs révisent leur politique commerciale. La France ce n'est pas l'Amérique !